22 juillet 2025
Baisse des cotisations au RQAP : et si on continuait plutôt d’innover !
Le gouvernement du Québec a récemment décidé de réduire l’ensemble des taux de cotisation au Régime québécois d’assurance parentale (RQAP). Dans un contexte économique incertain, il dit souhaiter que les sommes dégagées soient injectées dans l’économie québécoise, tout en donnant un coup de pouce aux familles et aux entreprises.
Il ne faut pas oublier qu’à ce contexte économique morose s’ajoutent des tensions budgétaires importantes. Cela se traduit en réduction des dépenses de l’État qui mettent à mal nos services publics et communautaires essentiels en santé, en éducation et en petite enfance.
En prenant en considération ces intentions et ces contextes, il nous semble plus judicieux de simplement geler les taux de cotisations à leur niveau actuel.
D’abord, pour stimuler l’économie, il vaut mieux profiter d’un régime en pleine santé financière et distribuer plus généreusement les prestations aux parents d’un nouveau-né plutôt que de réduire la part des charges sociales payées par les entreprises. Il est en effet évident que l’arrivée d’un enfant entraine son lot de nouvelles dépenses.
Ensuite, rappelons que le Régime, bien qu’il cumule de grands surplus, est une pièce maitresse de la politique familiale du Québec. Il permet depuis bientôt 20 ans un soutien crucial aux familles qui grandissent, mais qui voient malheureusement les services publics leur étant destinés se fragiliser peu à peu.
À cet effet, la littérature scientifique suggère qu’un meilleur accès aux congés parentaux a des effets positifs sur une multitude d’indicateurs du développement humain, ce qui contribue à réduire les disparités socioéconomiques et développementales auxquelles font face les tout-petits.
Ce type de programme peut aussi contribuer à l'amélioration de la stabilité émotionnelle des enfants, de leur bien-être général et de leurs résultats scolaires, et ce, jusque dans l’adolescence.
Ainsi, en adoptant un gel des cotisations à leur niveau actuel et en investissant massivement les surplus accumulés dans la bonification du Régime, on fait réellement d’une pierre, deux coups.
Cela permettrait, par exemple, d’élargir l’accès aux parents qui en sont actuellement exclus et de bonifier le montant des prestations, avec plus d’intensité pour les familles en contexte de vulnérabilité, en leur garantissant notamment un seuil de revenu viable plutôt que minimum.
Il serait aussi possible d’augmenter le nombre de semaines de congé réservées aux pères ou aux coparents et d’atteindre la moyenne des pays de l’OCDE (10 semaines), ou encore, de s’assurer que les parents vivant un deuil périnatal soient beaucoup mieux soutenus.
Bonifier le RQAP, tout en élargissant son accessibilité, trace la voie à plus de solidarité pour les tout-petits et leur famille. Ça se traduit inévitablement en gains pour l’ensemble de la société, et ce, à coût nul pour l'État.
C’est aussi une façon de s’assurer que le Québec demeure un chef de file mondial en matière de politique familiale et d’innovation sociale. À ce sujet, la compétition est beaucoup plus forte que par le passé.
Dotons-nous d’une vision ambitieuse pour les jeunes familles, et osons continuer d’investir collectivement dans cette innovation sociale éprouvée.
Elise Bonneville, directrice, Collectif petite enfance