16 juillet 2024
Lettre ouverte - En fait-on assez pour prévenir la pauvreté infantile au Québec ?
Le Plan d’action gouvernemental visant la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale 2024-2029 (PLP4) a été récemment dévoilé. Pour plusieurs organisations dédiées à améliorer les conditions de vie des personnes les plus vulnérables, les moyens proposés sont insuffisants.
Malgré cet accueil mitigé, il nous faut reconnaître que certains éléments mis de l’avant par le Collectif petite enfance lors des consultations pour l’élaboration du PLP4 semblent en avoir influencé les orientations. Par exemple, il y est question de mieux accompagner les familles et d’accroître leur accès aux services gouvernementaux. Il y est aussi question de l’amélioration de leurs conditions de vie, notamment en consolidant l’accès à des aliments sains et en poursuivant le développement de l’offre de logements sociaux.
Contrer les effets de la pauvreté sur les tout-petits
Réfléchir la pauvreté à l’échelle des familles est plus que pertinent et mérite d’être salué. En allant à la rencontre des familles vulnérables, en les accompagnant et en adaptant les services offerts, on contribue à renforcer le filet social.
Cependant, une lecture détaillée du PLP4 ne permet pas de comprendre comment les pistes d’actions seront mises de l’avant spécifiquement pour ces familles. Le plan d’action reconnaît bien que plusieurs services leur sont difficilement accessibles, mais ne précise pas assez les innovations à mettre en place pour réussir à les joindre efficacement.
Ces stratégies différenciées sont pourtant essentielles ; il s’agit, après tout, d’éviter que les tout-petits subissent les conséquences des inégalités matérielles ou sociales en déployant une offre de services réellement accessible et adaptée à tous les parents.
Briser le cycle une fois pour toutes
Le plan d’action a aussi pour ambition d’offrir une réponse adaptée aux besoins de base des familles. Agir tôt sur les conditions de vie des tout-petits est la chose à faire si l’on souhaite contrer les effets néfastes de la pauvreté avant que ceux-ci n’influencent leur parcours de vie.
En ce sens, les mesures qui concernent la sécurité alimentaire et l’accès à des aliments de qualité sont nécessairement des mesures de prévention de la pauvreté, puisqu’elles sont liées au sain développement des enfants. On peut donc se réjouir de l’ajout de 100 M$ supplémentaires dans ce domaine d’action, en comparaison au plan précédent.
Il est toutefois difficile d’ignorer la diminution des sommes accordées à la seule mesure en sécurité alimentaire qui soit spécifiquement dédiée aux personnes enceintes et aux familles avec bébé, alors qu’elle devrait être bonifiée en priorité.
De même, les mesures qui concernent les environnements dans lesquels vivent les familles sont essentielles. Il n’est plus à prouver que l’accès à un logement décent, abordable et de qualité est un facteur de protection, voire une condition, au développement du plein potentiel des tout-petits.
Or, en matière de logements sociaux, le PLP4 fait principalement valoir des investissements déjà consentis, alors que la crise du logement persiste toujours.
La possibilité de corriger le tir
En faisant formellement le souhait que le PLP4 puisse être bonifié et adapté en cours d’exécution, le gouvernement nous semble agir avec beaucoup de sagesse. La lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale est complexe, et il est judicieux d’avoir prévu la marge de manœuvre nécessaire à l’ajout de nouvelles mesures au fil du temps. Nous choisissons d’interpréter le tout comme une opportunité de toujours faire plus et mieux pour les tout-petits et leur famille.
Elise Bonneville, directrice du Collectif petite enfance