20 novembre 2023
Lettre ouverte - S’élever ensemble pour le respect des droits des tout-petits
La 8e édition de la Grande semaine des tout-petits (GSTP) débute alors que le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant a récemment déposé le projet de loi 37 visant la création des postes de Commissaire au bien-être et aux droits des enfants et de Commissaire adjoint destiné aux enfants autochtones.
Cette annonce, attendue depuis plusieurs mois, est maintenant synonyme d’amélioration des conditions de vie et de développements des tout-petits. Nous reconnaissons déjà la grande qualité du projet de loi. Son étude à l'Assemblée nationale permettra de s'assurer que chaque enfant se sente bien représenté et défendu, notamment les enfants issus de la diversité, d’une minorité religieuse ou linguistique et ceux vivant avec un handicap. Pour les enfants autochtones, étant donné les blessures du passé et la méfiance qui subsiste malheureusement à l’égard des institutions québécoises, cela signifiera de veiller à ce que le Commissaire et ses fonctions soient issus d’un processus qui respecte leurs droits et réalités.
Suivant les responsabilités qui leur incombent, ces commissaires arrivent à point nommé. Rappelons qu’un enfant sur dix au Québec a fait l’objet d’un signalement à la DPJ dans la dernière année1 et que c’est maintenant près de 29 % des enfants de maternelle 5 ans qui sont considérés vulnérables dans au moins un aspect de leur développement2. C’est une situation qui semble se détériorer d’année en année et les résultats sont pires pour certains milieux défavorisés et régions du Québec.
Dans ce contexte, on se doit tous d'en faire plus pour les tout-petits. Naturellement, on pense aux organisations et regroupements dédiés aux tout-petits et à leur famille, mais il faut aussi que nos élu(e)s et l’ensemble de la société civile considèrent dorénavant la petite enfance comme priorité nationale.
Le respect des droits comme base d'un filet social efficace
Les causes d’actualité pouvant interpeller les Commissaires quant au bien-être et aux droits des enfants sont nombreuses : l'inflation, les problèmes environnementaux, les discriminations en tout genre, la disponibilité des services, l'accès au logement abordable, ou plus largement, la complexification des situations de vulnérabilité socioéconomique
Heureusement, il est possible d’agir. Par exemple, en rendant universel l’accès à des services éducatifs à l'enfance de qualité; en offrant, rapidement et avec l'intensité nécessaire, les services sociaux et de santé dont les familles ont besoin; en bonifiant les programmes de réduction des inégalités socioéconomiques, dès le plus jeune âge, avec une attention particulière accordée à la question du logement, etc.
À première vue, on pourrait considérer ces solutions comme des politiques publiques ambitieuses, sans plus. Or, en y réfléchissant bien, il s’agit d’abord et avant tout de respecter les droits des enfants. Le droit à une éducation de qualité et de conserver sa culture au sein de sa communauté ; le droit aux meilleurs soins de santé possibles et à une communauté bienveillante ; le droit d’être protégé de toute forme de discrimination et d’avoir un endroit sûr où vivre. L’État, en mettant en place les conditions et programmes nécessaires au respect des droits des tout-petits, cimente la base de toutes les autres initiatives d’un filet social tissé solidement autour d’eux.
Garantir le respect de leurs droits est donc une responsabilité collective : ils sont vulnérables, sans influence politique ou économique, et l’atteinte de leur plein développement est cruciale pour l'avenir de la société. La thématique au cœur de cette édition de la Grande semaine des tout-petits illustre à juste titre ce devoir d’engagement collectif : « S’élever ensemble pour le respect des droits des tout-petits ».
Joignez votre voix et vos actions aux nôtres durant la Grande semaine des tout-petits et formons ensemble cette communauté qui permet à la prochaine génération de s’élever !
Elise Bonneville
Directrice du Collectif petite enfance
Cosignataires :
Élise Boyer
Directrice générale, Fondation Olo
Sandro Di Cori
Directeur général, Association québécoise des CPE
Marie-Claude Dufour
Directrice générale, Réseau des centres de ressources périnatales du Québec
Stéphanie Gareau
Directrice générale, Fondation Marie-Vincent
Alex Gauthier
Directeur général, Fédération québécoise des organismes communautaires Famille
Jennifer Johnson
Directrice exécutive, Réseau communautaire de santé et de services sociaux
Eve Lagacé
Directrice générale, Association des bibliothèques publiques du Québec
André Lebon
Ex-Vice-président de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse et consultant
Francine Lessard
Directrice générale, Conseil québécois des services éducatifs à la petite enfance
Isabelle Lizée
Directrice générale, Espace MUNI
Gaël Magrini
Directeur général, Alliance québécoise de la pédiatrie sociale en communauté
Andrée Mayer-Périard
Présidente, Réseau québécois pour la réussite éducative
Anne-Marie Morel
Directrice de projets en périnatalité, Association pour la santé publique du Québec
Julie Paquette
Directrice générale, Alima, Centre de nutrition sociale périnatale
Éric Poulin
Optométriste et président, Ordre des optométristes du Québec
Amélie Sigouin
Directrice générale et cofondatrice, La Maison Bleue
Marjolaine Siouï
Directrice générale, Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador
Tanya Sirois
Directrice générale, Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec
Sandrine Tarjon
Directrice générale, Association des haltes-garderies communautaires du Québec
Adina Ungureanu
Coordonnatrice de l’Observatoire Famille Immigration, Alliance des communautés culturelles pour l’égalité dans la santé et les services sociaux (ACCÉSSS)
Corinne Vachon Croteau
Directrice générale, Réseau pour un Québec Famille
Raymond Villeneuve
Directeur général, Regroupement pour la Valorisation de la Paternit
1 https://www.lapresse.ca/actualites/2023-06-13/dpj/un-enfant-sur-dix-a-fait-l-objet-d-un-signalement.php#:~:text=Au%20total%2C%20135%20000%20signalements,17%20584%20à%2019%20676
2 ISQ. Enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle 2022 (EQDEM) L’EQDEM n’inclut pas les enfants autochtones vivant en communauté.